jeudi 8 janvier 2009

Aux amoureux de la poésie

Ce poème est ici présenté sous sa forme originelle, non dénaturée, de sonnet (deux tercets, deux quatrains)




Dreknor
(sonnet pour des cinglés *)

Né des puissances de la terre
Tu portes son meilleur bois
Bordé à clins relié de fer

Les scaldes* unissent leurs voix
Des chants des profondeurs de la mer
Accompagnent les gestes d’autrefois

Le courage de quelques hommes
A su te redonner vie
Sur les flots glissera l’orm*
A gueule de dreki


Torlach* est un jarl *fier
Du passé son esprit est revenu
Désormais il va prendre la mer
Dreknor siglar far i vikingu*

Jm Déant avril 2008


Cinglé : vient de « siglar » = hisser la voile, d’où le verbe cingler (faire route à la voile rapidement) et par extension « cinglé » (grisé par la vitesse, fou dans le bon sens du terme).
Scalde : conteur de sagas.
Orm : serpent.
Torlach : chef viking, habitant de Tourlaville (anthroponyme scandinave), à l’origine du nom de la localité.
Jarl : Duc, comte, en connotation avec le mot anglais earl, chef de guerre viking.
Dreknor siglar far i vikingu : Dreknor hisse la voile et part au loin en expédition maritime.

mardi 16 septembre 2008

De Héphaïstos à Thor




Mercredi 3 septembre. Temps frais sur la rade de Cherbourg et moment privilégié car le 1er Groupe de Plongeurs Démineurs est à bord. Ces solides gaillards auraient fait sans nul doute d’excellents navigateurs de l’âge Viking. Leur bâtiment base, le Vulcain, très haut sur l’eau domine la fine silhouette de Dreknor. A mon grand regret je ne peux être à bord mais cela me fera chaud au cœur lorsque quelques jours plus tard, Marco reconnaîtra tout le professionnalisme de ces marins hors pair qui font honneur à notre Royale. Encore une rencontre qui fera date dans l’histoire de notre esnèque.

Cet article est dédié au Major Patrick FORTANER, l’un des leurs, mon ami, pour son extrème gentillesse. Il quittera bientôt Cherbourg pour Brest. Je lui donne d’ores et déjà rendez vous chez les Zef en 2012 lorsque retentira, du coté du petit minou, le vieux norrois "Dreknor siglar far i vikingu" (Dreknor mets à la voile et part en expédition maritime - extrait du poème "sonnet pour des cinglés" avril 2008 jmd)

Maître Principal ISN (R) jm Déant - il y a un an de passage à bord du Vulcain (cliquez sur le titre de cet article)

crédits photos SM Da Silva 1er GPD (cliquez pour les agrandir)



lundi 25 août 2008

Cap au 280° !

Dimanche 24 août 08

Ce début de matinée commence avec du crachin et la météo n’est guère optimiste. Je capelle donc ma salopette et chausse mes bottes. On va faire route dans la boucaille. Comme à son habitude, Tursio vient nous saluer dans la grande rade. Il effectue un impressionnant bond hors de l’eau que souligne l’arc de son dos gris bleuté avant de replonger avec une élégance infinie. Instant fugace qui ponctue la beauté de cette démonstration d’amitié. Un vent d’Ouest établi à 12 nœuds nous apporte une pluie régulière qui fouette les visages. Pour la première fois, Dreknor fait route vers la Hague. La tourelle Nord de Raz Bannes surgit de la brume. Lorsque nous l’aurons par notre travers, nous serons à mi route entre Cherbourg et Omonville la Rogue, principal port de la côte Nord de la Hague, notre destination. La Croix du Sud III, le dundee langoustier navire amiral de l’association les voiles écarlates fait route de conserve avec nous sous grand voile arisée et tapecul. Son grand foc rouge marque sa présence sur un univers de gris infinis où se fondent le ciel et la mer . En fin de matinée, la Hague salue notre arrivée à l’entrée du port d’Omonville avec un fort grain qui fait brutalement chuter la visibilité. Nous nous amarrons à couple de La Croix du Sud qui a pris une des premières bouées. La persistance de la houle incitera Gérard, son patron, a se désolidariser, le tonnage cumulé des deux bateaux provoquant une danse qui pourrait se révéler dangereuse pour les francs bords. Il largue sa pointe et va prendre une autre bouée un peu dans le Sud. Dreknor montre sa longue silhouette sombre qui se détache sur le jade des falaises Haguaises

L’ancienne Osmundivilla a beaucoup de charme et je songe à ce port antique fréquenté à l'âge de bronze par les minoéens qui allaient chercher l'oxyde d'étain sur l’île de Tresco dans les Cassitérides. J’aime à croire que le rusé Ulysse a escalé ici, mythique précurseur des compagnons vikings d’Asmundr. La nuée se déchire, l’embellie s’élargit et inonde de lumière le port du hable. Nous débarquons et prenons d’assaut la terrasse du café du port qui borde la plage. Après quelques heures de repos, nous décidons d’envoyer la toile pour faire route vers Cherbourg et profiter ainsi de la brise de Suroit.

Nos passagers, de sympathiques caennais, seront mis à contribution pour hisser l’espar en tête de mât. C’est un pur bonheur, Dreknor s’équilibre et le speedo nous indiquera une pointe à 6,2 nœuds pour un vent réel de 10 nœuds devant Urville. Plus tard, au Nord de la digue du Homet, une violente risée provoquera un départ au lof qui confirmera mon sentiment que Dreknor est un bateau ardent. Cette belle journée se terminera par la dégustation à bord d’une moque de « Northmen », une agréable bière blanche à l’orge et au blé brassée dans le pays de bray. Quand je vous disais qu’ils étaient sympathiques nos passagers…

vendredi 22 août 2008

A la recherche du byrr

vers la passe de l'Est

le byrr !

au bon plein

Tursio joue avec le safran

Le byrr (prononcez « burr ») est un mot norrois présent dans de nombreux textes. Il désigne le vent favorable permettant de mettre à la voile.

Jeudi 21 août 08

14h00 nous appareillons du quai de l’épi dans l’avant port de Cherbourg où Dreknor est désormais amarré depuis le début du mois d’août. Le temps est maniable par rapport à notre dernière sortie. Nous glissons doucement jusqu’à l’entrée dans la grande rade. Cap bout au vent vers Querqueville et, sans tarder, après avoir largué les garcettes fortement serrées par l’humidité qui a stagné dans la voile carguée, nous entamons la manœuvre de mise en place de l’espar sur le plat bord. Comme d’habitude, la bouline tribord est maintenue raide jusqu’à faire passer l’extrémité de la vergue qui était à l’arrière devant les haubans tribord. Nous virons et à envoyer la toile ! « Ho ! Ho ! » Marco donne le rythme pour hisser. Lentement, la vergue prend de la hauteur et le phare carré se déploie, masquant l’avant dans un premier temps. Nous choquons les bras d’écoute au maximum pour éviter le ballon formé la dernière fois dans la brise. Nous avons 8 nœuds de vent établis, la rade est calme, la manœuvre se déroule sans heurts. A bloc ! c’est la première fois que Dreknor navigue sous voile complètement envoyée sur le plan d’eau cherbourgeois. Nous brassons carré, et commençons un bord de vent arrière qui nous ménera jusqu’à l’entrée de la passe de l’Est. Nous filons 5 nœuds surface, presque 7 sur le fond. Le coefficient de 84 envoie un peu de jus qui porte vers l’île pelée. La voile est bordée et porte bien. Le soleil frappe la girouette et le greiftier lance des étincelles en tête de mât. Thor est avec nous, d’ailleurs n’est ce pas son jour dont nos amis Anglos saxons ont conservé la trace à travers Thursday ? De gros cumulus annonciateurs d’orage se profilent à l’horizon au dessus du cap de Fermanville et confirment la présence de ce Dieu qui détient la foudre…Virement de bord dans le sud du fort de l’Est et nous décidons de sortir en mer pour un bord extérieur le long de la digue centrale. Nous affalons et route moteur vers la passe de l’Ouest. Nous avions un vent apparent d’une dizaine de nœuds vers l’Ouest, sortie de la passe et nouveau virement qui nous inflige un vent réel portant de 4 à 5 nœuds. Nous envoyons, un long bord au vent arrière et au grand largue habille notre tour d’honneur de l’une des plus grandes rades artificielles du monde. Ce n’est pas aujourd’hui que notre réplique du Gokstad montrera toute sa puissance. Je suis maintenant certain que son temps se situe aux alentours de 15 noeuds de vent et d’une force 4 bien établie pour qu’il puisse s’exprimer et qu’on le sente vivre pleinement. Quoi qu’il en soit, la polaire de la voile viking nous permet d’affirmer, sans entrer dans les détails, que pour un modèle du Gokstad dont l’AR est de 0,76, la vitesse sera de 6 nœuds, la dérive 10° pour un vent soufflant à 8 m/s sous un angle de 70 °. Cette polaire indique que c’est un angle de 30° qui donnait la meilleure poussée vélique, le byrr était donc le grand largue. Nous filons à cette allure, tribord amures et le navire s’équilibre parfaitement dans ce petit temps.
Entrée par la passe de l’Est après avoir été déventé par le bout de la digue. Je suggère d’expérimenter une forme latine pour vérifier si nous pouvons remonter un peu au vent. Bascule du bout tribord de l’espar vers le bas et pose d’une estrope vers l’avant, nous créons un point d’amure peu orthodoxe et brassons tout sur babord, la voile porte et, moment rare d’expérimentation archéologique navale, nous constatons la capacité du navire à faire un peu de petit largue, nous flirtons même un peu avec le bon plein quelques minutes mais le bateau, sous l’influence d’un courant traversier, commence à partir au lof et la barre devient totalement inopérante. Nous abattons. Une dernière tentative de petit largue se soldera par un échec à l’entrée de la petite rade le vent ayant adonné au sud, nous ne pouvons rentrer sous voile. Route moteur devant l’étrave du Barfleur qui grossit par notre travers tribord. Tursio, le grand dauphin, viendra quelques instants plus tard faire sa démonstration d’amitié et saluera nos efforts en se frottant sur le safran à plusieurs reprises...

mardi 19 août 2008

Autour du "8"

Le "8" est à bord


Contrairement à leur réputation de guerriers incultes, les Vikings ont donc su développer un art autonome, expressif et complexe, où se mêlent entrelacs, animaux et figures zoomorphes. Il est courant de distinguer plusieurs écoles dont le nom est généralement lié au lieu de fouilles. Les principaux styles sont ceux de BROA (île de Gotland –Suède), de BERDAL(sud-ouest de la Norvège) de BORRE (sur le fjord d’Oslo), de JELLING (Jutland, - Danemark), de MAMMEN (Danemark) ; de RINGERIKE (Norvège) et d’URNES (Sogn – Norvège). Ce dernier rassemble incontestablement les figures les plus élégantes et doit son nom aux superbes panneaux sculptés d’entrelacs du portail de l’église en bois d’Urnes. On trouve un très important nombre de croix et de figures géométriques. Tous ces motifs, qu’ils soient figuratifs ou géométriques s’organisent selon le schéma fondamental du « 8 » qui entraine une suite de combinaisons infinies.

lundi 18 août 2008

Sous le signe de la hache

Motifs géométriques figurant sur la hache de Mammen
Musée national du Danemark Copenhague.

L’Artiste du bord s’est librement inspiré des motifs géométriques figurant sur la hache de Mammen pour décorer le coffre utilisé par votre serviteur. Retrouvée dans une très riche sépulture masculine à Mammen, Danemark, cette hache d’apparat longue de 17,5 cm est décorée d’une fine application de feuilles d’or et d’une damasquinure d’argent qui représente des motifs floraux de tradition scandinave.
Le répertoire de formes des styles vikings se compose de motifs zoomorphes, floraux et géométriques. L’élément zoomorphe est fondamental tandis que les motifs géométriques ont une fonction décorative accessoire, cantonnée aux pourtours des représentations figurées ou élément de remplissage à l’intérieur d’une composition.

samedi 16 août 2008

Loki et les autres

Tête de Loki gravée dans la pierre. Musée de Moesgard. Aahrus Danemark

Le coffre de Loki à bord de Dreknor

Avec cet article, nous inaugurons une série sur les coffres du bord. Tous ont été sculptés par le talentueux Mathieu dont nous parlerons dans un prochain article.



Lorsque nous examinons l’art scandinave de l’époque viking, nous devons constamment garder à l’esprit qu’il ne peut s’agir de créations artistiques au sens de « l’art pour l’art ». Son caractère prédominant est soit d’origine cultuelle ou religieuse, soit purement ornemental, traduisant alors l’exubérance décorative de l’artisanat.
D’une part, il est l’expression plastique d’une prière - sorte de magie propitiatoire pour se concilier la faveur des divinités ou glorifier leurs forces - ou de pratiques liées à la religion.D’autre part, et dans la majorité des cas, l’art viking s’exprime dans la décoration d’objets de la vie quotidienne et met en valeur de somptueux objets d’apparat comme des armes ou des coffres.
A bord de Dreknor de nombreux coffres permettent aux rameurs de s’asseoir et chacun dispose également d’un coffre pour ranger ses affaires personnelles. Chaque coffre étant décoré d’un motif original inspiré de l’art viking, il est ainsi aisé d’identifier ceux attribués à la vie du bord. Loki fait partie de ces derniers puisqu’il s’agit tout simplement de… la poubelle du bord. Loki n’était pas un dieu mais le fils d’un Géant et il semait le malheur partout où il passait, une bonne raison pour le contrôler régulièrement et éviter toute pollution indésirable, non ?

mardi 12 août 2008

Un temps de Viking !


10h30 nous sommes peu nombreux à bord ce matin. Six au total dont le grand Jacques, un solide voileux « boat manager » à bord de Géodis, le 60 pieds Open vainqueur du Vendée Globe le 17 février 1997 après 105 jours de mer et 20 heures, skippé par Christophe Auguin, Granvillais et fétard invétéré capable de tenir debout jusqu’à 6 heures du matin après avoir ingurgité une vingtaine de gin-tonic. Un vrai descendant de Viking ! bref, 12 nœuds de vent en petite rade qui forcit rapidement, Régis me confie la barre, cela commence à fumer dans la grande rade et nous faisons route vers la Ténière puis Querqueville. Le temps de prendre des ris et nous profitons de notre route, bout au vent, pour « ne pas trop souffrir » selon Jacques et préparer la vergue qui est hissée et posée ensuite sur le plat bord. Les boulines et les bras d’écoute sont passés à l’extérieur des haubans. Il va y avoir du sport, d’autant qu’ils ne sont que cinq équipiers à la manœuvre, votre serviteur à la barre ne pourra hélas saisir son Nikon, ayant d’autres chats à fouetter…
Le vent forcit, nous avons 15 nœuds établis, des rafales à 18 – 20 nœuds. Le bateau se comporte bien et il dégage une impression de force et de stabilité peu commune due probablement à son large maître bau. Je prends toute la mesure de l’instant et je me réjouis de voir enfin Dreknor vivre pleinement sa vie. Sa vocation est de naviguer sous voile. J’ai hâte de le voir essayer de remonter au vent. Jacques a l’intention de prendre un point d’amure sur la voile, la transformant ainsi en voile latine telle que nous la montre la broderie de Bayeux. Nous allons vivre une expérimentation d’archéologie navale peu commune. Je tends l’oreille, le CROSS Jobourg envoie un BMS à la VHF (voir ci-dessous) cela commence à piauler. Nous virons et tentative de hisser la voile dans la foulée, un ballon se forme, nous avons trop retenu les bras d’écoute. La manœuvre est délicate et le bateau tend à venir au lof. La barre est très dure, je lui passe un bout avec un nœud de ganse à tête d’alouette, histoire d’éviter les embardées. Le vent continue à forcir. 30 nœuds en rafales qui deviennent de plus en plus régulières.. Nous échangeons quelques mots. Odin semble nous mettre à l’épreuve. Louis nous rejoint à bord de son bateau accompagnateur, la raison l’emporte et nous décidons de ne pas envoyer la toile car trop peu nombreux à bord. En réalité, il manque trois équipiers dont deux aux écoutes. Peu importe, l’expérience aura été enrichissante et nous aura permis de connaître ainsi les limites à ne pas dépasser avec un équipage réduit.

1 - BMS N°108. Avis de grand frais en cours et valable jusqu'au mercredi 13 août à 06h utc. Prolongation probable.2 - SITUATION GENERALE LE MARDI 12 A 06:00 UTC ET EVOLUTIONFlux assez fort à fort de sud-est basculant au sud-ouest généré par une dépression de 990 HPA centrée sur la Bretagne et se déplacant rapidement vers la mer du Nord.3 - PREVISIONS POUR L'APRES-MIDI DU MARDI 12VENT : sud-ouest force 6 à 7 avec rafales.MER : agitée.TEMPS : averses prenant un caractère orageux.VISIBILITE : sup à 5 milles hors grains.4 - PREVISIONS POUR LA NUIT DU MARDI 12 AU MERCREDI 13VENT : sud-ouest force 6 à 7 avec rafales.MER : agitée, loc forte vers le large.TEMPS : nuageux avec averses toujours orageuses en soirée.VISIBILITE : voisine de 5 milles reduite sous grains.

dimanche 10 août 2008

Rencontres sur le plan d'eau Cherbourgeois

Vendredi 8 août 08

Appareillage fin de matinée du ponton Sud de la petite criée. Dreknor se prépare à assister au départ de la troisième étape de la Solitaire du Figaro qui doit être donné à 14h00. Sortie de la petite rade et route vers la zone d’attente spectateurs Est. Le coefficient marée est de 61 - ciel nuageux - 15 nœuds de vent d’Ouest qui adonne vers le Noroit.



Soudain, Tursio le dauphin solitaire (lui aussi) qui a élu domicile en rade de Cherbourg depuis plusieurs semaines fait une première apparition à bâbord. Il semble affectionner particulièrement la longue coque en chêne de notre navire. Il est vrai que son très faible tirant d’eau lui facilite les passages d’un bord sur l’autre et le mammifère se place souvent derrière le safran restant ainsi quelques secondes dans son alignement avant de plonger. Il revient à nouveau s’approchant bâbord arrière, j’en profite pour photographier son évent et je pense déjà à la rédaction d’une fiche d’observation destinée au Groupe d’Etude des Cétacés du Cotentin et des mammifères marins de la mer de la Manche. Ma dernière rencontre avec les dauphins s’est déroulée dans l’archipel des Ecrehous alors que nous faisions route à bord de Soleil Noir vers Ste Catherine à Jersey. Mes pensées vont à chaque fois vers les frères Mayol. Pierre, auteur du roman « les dix rois de la mer » venu à la maison, il y a quelques années, a hélas perdu son fils au large de la Colombie quant à Jacques, « l’homo delphinus » a choisit de partir un jour de décembre 2001 chez lui, à l’île d’Elbe.

Le vent rentre encore et le courant nous porte vers la passe de Collignon. Sous le vent de la digue qui mène à l’île Pelée, la brise distribue ses pattes de chat avec vigueur, partis un peu Nord, nous abattons et je pense qu’il s’agit d’un temps idéal pour envoyer la toile. Dreknor est un bateau puissant et, avec un équipage expérimenté et un bosco capable de coordonner la manœuvre, il devrait monter avec cette force 4 au delà des dix nœuds mettant ainsi Marco dans l’obligation de payer sa moque de cidre !


Sous notre vent, le Charles Marie, ancien chalutier Granvillais ayant appartenu à la grande famille Thélot maintenant reconverti en vieux gréément et affrété par la société Coutainvillaise Esprit grand large se met bout au vent et amène sa grand’voile, ne gardant que son tapecul.
Nous rentrons, fort courant à contre, Serge pousse un peu les moteurs et Dreknor s’engage sans difficulté dans la passe étroite. Cap à l’Ouest et nouvelles rencontres : Cette fois, il s’agit d’un pneumatique du comité de course qui nous aborde par bâbord, le temps pour le binôme présent à bord de se transborder, aimanté par la bouteille de champagne qui leur a été gentiment proposée.
Un deuxième pneumatique rigide, ponté à l’avant, vient sur notre arrière, la station S.N.S.M. d’Urville-Nacqueville vient nous rappeler que Nakki le viking est toujours vivant ! 13h00. Je m’inquiète de ne voir aucun Figaro-Beneteau sortir de Chantereyne. J’appelle la Capitainerie par VHF et nous apprenons qu’il y a report du départ en raison de la situation météo à venir en mer Celtique

jeudi 7 août 2008

L'ombre des Vikings






L’ombre des Vikings plane sur l’édition 2008 de la Solitaire du Figaro. Gildas Morvan, dont la haute stature (1m97) rappelle celle des hommes du Nord, a gagné de fort belle manière la deuxième étape de la course en jouant les écraseurs de crabes. Le skipper a en effet pris des risques en arrivant dans le raz Blanchard, navigant au plus près de la côte entre Goury et le gros du raz continuant ainsi vers l’Est jusqu’à la Plate. L’endroit est particulièrement mal pavé, ce qui lui vaudra d’ailleurs un talonnage. Son audace, digne de Leifr Eriksson, lui aura permis de trouver les contre courants assurant son arrivée victorieuse en rade de Cherbourg.
Demain midi, la flotte quittera le port du nord Cotentin et fera route vers la mer d’Irlande et le canal St Georges. Les concurrents devront faire le tour de l’île de Man, un des hauts lieux de l’âge viking, abordé l’année dernière par Havhinsgten fra Glendalough, la réplique du grand navire découvert dans le fjord de Skudelev au Danemark. Parallèlement au voyage retour de « l’étalon des mers de Glendalough »de Dublin vers Roskilde, où il arrivera samedi prochain, sort l’édition électronique de l’ouvrage collectif « les vikings et l’Irlande », édité en 2001 par Anne Christine Larsen, la dynamique directrice du musée de Roskilde. Ce sont ces mêmes vikings venants d’Irlande qui ont abordé le Cotentin au cours du IXème siècle.
Alors que ces jours-ci, Dreknor promène sa longue silhouette sur la rade de Cherbourg, « les conquérants de Normandie – Caen la mer » skippé par le Granvillais Marc Lepesqueux est aux mains de ses préparateurs. Beaux entrelacs de la longue histoire maritime de notre région…