vendredi 22 août 2008

A la recherche du byrr

vers la passe de l'Est

le byrr !

au bon plein

Tursio joue avec le safran

Le byrr (prononcez « burr ») est un mot norrois présent dans de nombreux textes. Il désigne le vent favorable permettant de mettre à la voile.

Jeudi 21 août 08

14h00 nous appareillons du quai de l’épi dans l’avant port de Cherbourg où Dreknor est désormais amarré depuis le début du mois d’août. Le temps est maniable par rapport à notre dernière sortie. Nous glissons doucement jusqu’à l’entrée dans la grande rade. Cap bout au vent vers Querqueville et, sans tarder, après avoir largué les garcettes fortement serrées par l’humidité qui a stagné dans la voile carguée, nous entamons la manœuvre de mise en place de l’espar sur le plat bord. Comme d’habitude, la bouline tribord est maintenue raide jusqu’à faire passer l’extrémité de la vergue qui était à l’arrière devant les haubans tribord. Nous virons et à envoyer la toile ! « Ho ! Ho ! » Marco donne le rythme pour hisser. Lentement, la vergue prend de la hauteur et le phare carré se déploie, masquant l’avant dans un premier temps. Nous choquons les bras d’écoute au maximum pour éviter le ballon formé la dernière fois dans la brise. Nous avons 8 nœuds de vent établis, la rade est calme, la manœuvre se déroule sans heurts. A bloc ! c’est la première fois que Dreknor navigue sous voile complètement envoyée sur le plan d’eau cherbourgeois. Nous brassons carré, et commençons un bord de vent arrière qui nous ménera jusqu’à l’entrée de la passe de l’Est. Nous filons 5 nœuds surface, presque 7 sur le fond. Le coefficient de 84 envoie un peu de jus qui porte vers l’île pelée. La voile est bordée et porte bien. Le soleil frappe la girouette et le greiftier lance des étincelles en tête de mât. Thor est avec nous, d’ailleurs n’est ce pas son jour dont nos amis Anglos saxons ont conservé la trace à travers Thursday ? De gros cumulus annonciateurs d’orage se profilent à l’horizon au dessus du cap de Fermanville et confirment la présence de ce Dieu qui détient la foudre…Virement de bord dans le sud du fort de l’Est et nous décidons de sortir en mer pour un bord extérieur le long de la digue centrale. Nous affalons et route moteur vers la passe de l’Ouest. Nous avions un vent apparent d’une dizaine de nœuds vers l’Ouest, sortie de la passe et nouveau virement qui nous inflige un vent réel portant de 4 à 5 nœuds. Nous envoyons, un long bord au vent arrière et au grand largue habille notre tour d’honneur de l’une des plus grandes rades artificielles du monde. Ce n’est pas aujourd’hui que notre réplique du Gokstad montrera toute sa puissance. Je suis maintenant certain que son temps se situe aux alentours de 15 noeuds de vent et d’une force 4 bien établie pour qu’il puisse s’exprimer et qu’on le sente vivre pleinement. Quoi qu’il en soit, la polaire de la voile viking nous permet d’affirmer, sans entrer dans les détails, que pour un modèle du Gokstad dont l’AR est de 0,76, la vitesse sera de 6 nœuds, la dérive 10° pour un vent soufflant à 8 m/s sous un angle de 70 °. Cette polaire indique que c’est un angle de 30° qui donnait la meilleure poussée vélique, le byrr était donc le grand largue. Nous filons à cette allure, tribord amures et le navire s’équilibre parfaitement dans ce petit temps.
Entrée par la passe de l’Est après avoir été déventé par le bout de la digue. Je suggère d’expérimenter une forme latine pour vérifier si nous pouvons remonter un peu au vent. Bascule du bout tribord de l’espar vers le bas et pose d’une estrope vers l’avant, nous créons un point d’amure peu orthodoxe et brassons tout sur babord, la voile porte et, moment rare d’expérimentation archéologique navale, nous constatons la capacité du navire à faire un peu de petit largue, nous flirtons même un peu avec le bon plein quelques minutes mais le bateau, sous l’influence d’un courant traversier, commence à partir au lof et la barre devient totalement inopérante. Nous abattons. Une dernière tentative de petit largue se soldera par un échec à l’entrée de la petite rade le vent ayant adonné au sud, nous ne pouvons rentrer sous voile. Route moteur devant l’étrave du Barfleur qui grossit par notre travers tribord. Tursio, le grand dauphin, viendra quelques instants plus tard faire sa démonstration d’amitié et saluera nos efforts en se frottant sur le safran à plusieurs reprises...

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